ENT et innovations pédagogiques

Les plates formes virtuelles d’apprentissage en Europe : que nous apprennent les expériences du Danemark, du Royaume-Uni et de l’Espagne ? (novembre 2010). Caisse des dépôts, European Schoolnet. Ministère de l’éducation nationale.

ENT ou « espace numérique de travail » : « Un espace numérique de travail désigne un dispositif global fournissant à un usager un point d’accès unifié, à travers les réseaux, à l’ensemble des outils, contenus et services applicatifs en rapport avec son activité. […] En termes d’architecture, un ENT s’organise autour de trois ensembles de services : des services applicatifs (carnet d’adresses, agenda, emploi du temps, notes, bulletins, etc.) ; des services socles qui servent de support aux services applicatifs (annuaire, gestion des identités et des accès, présentation et personnalisation des services offerts, etc.) ; des services réseaux qui regroupent les services autour d’infrastructures (réseaux d’établissements, Internet…) et des fonctions de sécurité (pare-feu, antivirus…) ». (Définition du ministère de l’éducation nationale en France).

I-Quels enseignements tirer des expériences à l’étranger ?

– Partout, les usages de communication, essentiellement entre enseignants, sont les plus développés ; au Danemark, ils concernent également les parents.
– Partout, les usages pédagogiques sont insuffisamment pratiqués.
– Les élèves participent en outre peu aux échanges qui s’organisent sur les plates formes virtuelles ; leur participation se limite aux travaux à faire mis sur les plates formes par les enseignants. Ce constat peut s’expliquer par l’absence de modèle pédagogique qui permettrait de valoriser les spécificités des plates formes virtuelles pour développer des usages pédagogiques innovants, basés sur un apprentissage actif par l’élève plutôt que de perpétuer une pédagogie traditionnelle de transmission de l’enseignant vers l’élève.
– Une synergie positive est toutefois observée au Danemark entre certaines caractéristiques du système éducatif, telles que l’autonomie des enseignants et le travail en équipes des élèves autour de projets, et l’usage pédagogique des plates formes virtuelles.
– L’usage des plates formes virtuelles contribue à développer la coopération entre enseignants. -Les blogs, forums, conférences, service de messagerie, etc. hébergés sur les plates formes virtuelles rencontrent un indéniable succès auprès des enseignants. Il n’y a en revanche qu’au Danemark que cette communication s’est aussi généralisée au niveau des parents ;

– Raisons mises en évidence pour expliquer cette situation : la complexité technique, le nombre de domaines d’action dans lesquels investir quasi simultanément, l’absence d’une vision claire de l’apport spécifique d’une plate forme au niveau de l’établissement, aux contraintes propres à l’organisation de l’école dont notamment l’accès limité aux ordinateurs à certaines heures et certains endroits, ainsi qu’au manque de temps pour que les enseignants pratiquent l’usage des plates formes

II-Des facteurs de succès

Au niveau de l’approche générale
– Organiser la participation active et étroite des différents acteurs concernés (enseignants, autorités locales, éditeurs commerciaux de contenus pédagogiques digitaux, etc.), dès le début et tout au long du processus.
– Mettre d’emblée la technologie au service des objectifs pédagogiques, et ce de la conception des plates formes à leur mise en œuvre.
– Organiser un accès (quasi) permanent à l’équipement TIC au niveau des établissements d’enseignement, en particulier dans les salles de classe plutôt que dans des laboratoires dédiés.

Au niveau de l’appui apporté aux enseignants
– Mettre en place des programmes et actions de formation des enseignants non seulement aux TIC et au fonctionnement des plates formes, mais aussi à leur utilisation pédagogique, sans négliger l’intérêt d’organiser de telles formations en ligne.
– Mettre à disposition un support technique, accessible pendant les heures d’utilisation des plates formes virtuelles (horaires scolaires, voire au-delà) et capable d’intervenir aussi rapidement qu’efficacement, pour décharger les enseignants des aspects techniques et leur permettre de se concentrer sur les aspects pédagogiques.

III- Conclusion

– Face au constat d’un usage pédagogique trop peu développé et de la faible participation active de l’élève, une question mérite d’être posée : n’est-ce pas là le résultat d’une conception (implicite) initiale des plates formes basée sur un modèle “classique” de transmission du savoir, en l’absence d’un nouveau modèle pédagogique ?
– Malgré les difficultés, les plates formes virtuelles d’apprentissage s’avèrent néanmoins porteuses d’innovations : la création de ressources pédagogiques qu’elles ont encouragée, le travail en équipe des enseignants, la modernisation et la rationalisation de l’administration en attestent.